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Le Kayou et nous
13 novembre 2006

Résumé de l'histoire

Résumé de l'Histoire

Par cyberdam, mercredi 20 juillet 2005

Le texte suivant a été présenté à titre de contribution personnelle à la réflexion des participants aux réunions hebdomadaire au Sénat coutumier à l’initiative du Comité Rhéébùù Nùù durant les mois de mars-avril 2005 ; essentiellement des représentants d’associations soucieuses du respect de l’environnement et des droits autochtones.

Résumé de l’histoire, vue par Dam, le cybermite

MwaKaQuand je suis arrivé sur le Kayou en 1983, les Kanaks revendiquaient la restitution de leur dignité et de la Terre de leurs Ancêtres tandis que les vieux Canaques, inféodés aux pouvoirs administratifs et politiques en place détenaient la majorité des chefferies et les quelques mandats électoraux enjolivant la façade démocratique.

Après les années de triste mémoire, la revendication pour la dignité fut aplanie par l’octroi à quelques révolutionnaires, devenus négociateurs, de salaires mirifiques sanctionnant leur statut d’homme d’état, avec pour conséquence collatérale, la jalousie, les rivalités, la cacophonie permanente au sein et entre leurs mouvements variés.

La revendication pour la terre des ancêtres fut apaisée un peu par le baume des millions de l’ADRAF et la création des Provinces mais c’est l’abcès, pardon l’accès à la ressource minière qui mobilisa désormais.

Au début des années 90, au cours d’une réunion à Yaté, j’entendis un leader indépendantiste tenir à peu près ces propos:

  • Les blancs font du tourisme sur nos sites, il faut que nous aussi nous apprenions à accueillir les gens!
  • Les blancs exploitent la terre de nos ancêtres ! il faut que nous aussi, les kanaks, nous apprenions les métiers de la mine !
  • Les blancs coupent les arbres de nos forêt ; il faut que nous aussi nous apprenions à couper…

J’ai pensé la suite non-dite : «Les blancs eksploitent les Kanaks depuis longtemps, il faut que nous aussi, les kanaks pensions à exploiter nos frères et sœurs.»

Depuis cette époque je suis désabusé : le bel élan de reconquête humaniste a sombré dans le mercantilisme le plus destructeur qui soit, la chicane politique ou ethnique. Le seul consensus émergeant : éventrer la Terre sacrée pour vendre du minerai de nickel, comme les blancs.

Le Mwa Ka qui devait servir de symbole emblématique de l'union des nouzautres (photo), le Mwa Ka m'évoque de façon insistante un totem iroquois planant sur Canadaky.

Dans le monde entier des usines pourrissent l’atmosphère et la mer pour la fabrication de millions d’armes de tous types, de millions de véhicules polluants, juste assez solides pour atteindre la durée de garantie, de milliards de jeux et de gadgets pour le confort et la distraction des riches de la planète drogués à la consommation ; des usines qui tournent à plein régime en broyant du pauvre.

Qui va faire quoi avec ce nickel?

Ça n’est pas une bonne question?

Non, car les seules réponses que j’entende, les seules qui semblent importantes sont : à qui va-t-on le vendre ! combien de dollars la tonne ! Combien d’emplois créés ! Et, avant tout, avant tout, combien d’impôts on ne paiera pas?!!!

Il n’y a pas de vision kanake pour la Grande-Terre.

Depuis la Colombie les indiens Kogis lancent un cri d’alarme : « Arrêtez cette folie de l’industrialisation à outrance pour produire des futilités ! La planète en crève ! » En Australie, ils trouvent un écho chez certain peuple aborigène en passe de disparaître, sur les atolls du Pacifique rongés par les houles du réchauffement climatique… et dans de nombreux laboratoires de climatologie du monde entier aussi.

Les Kanaks du Kayou, que cherchent-ils? Que nous disent-ils? Quelles sont leurs envies et leurs rêves propres? Sur mon livre d’or, à Pourina, L. M. de Unia en visite pour un coup de pêche écrivit:

«C’est toujours agréable de voir que le mode de vie de nos vieux n’est pas si mal en cette fin de XXè siècle où le monde a l’impression de marcher à reculons. Bravo et merci de pouvoir montrer aux autres que les kanaks ont un art de vivre, peut-être à nous-même aussi qu’il faut arrêter de singer.»

Puisse-t-il convaincre la jeune génération de repousser au plus tard possible la brutale singerie boursicoteuse et industrielle qui ne fera qu’accentuer les inégalités comme partout ailleurs, et dégradera de nouveaux sites avant que l’on soit capable de restaurer les dégâts précédents.

Alors quoi! Va-t-on encore nous bassiner longtemps avec ce faux dilemme ? Indépendance ou République! Qu’importe l’étiquette quand le Kayou sera devenu un dépotoir baignant dans l’eau toxique!

La vraie question c’est de savoir comment on veut vivre!

Faisons témoigner les anciens du Nickel afin qu’ils nous racontent le bonheur de leur douce vie et de leur retraite médicalement assistée ! Actuellement on veut convaincre les jeunes kanaks - et bien d’autres - de faire des formations pour être capables de se faire chier huit heures par jour dans une cabine d’engin ou sur un poste de travail éreintant pour, enfin, être indépendants.

Qui leur explique qu’en Guyane les jeunes de leur âge touchent le RMI sans rien faire d’autre que d’aller à la chasse ou à la pêche quand ils en ont envie? Qui?

Bien sûr, ce n’est pas forcemment un modèle à promouvoir, mais c’est un exemple d’autre organisation ; ici c’est le chomage ou le Nickel !

Qui leur explique que tant que le minerai reste dans le sol sa valeur augmente tous les ans... sans rien faire.

Quelle escroquerie le développement économique si l’on devient esclave de l’argent pour boire, se nourrir, se loger. Quelle escroquerie l’indépendance si on remplace des blancs par des noirs dans la même structure d’exploitation outrancière des ressources naturelles et humaines ! Si l’on sombre dans la frénésie consommatrice débilitante...

Quelle escroquerie de nous pousser à croire que nous n’avons pas le choix, pas le temps!

Le monde doit se recentrer sur l’humain non plus sur les comptes en banques, les dossiers et la technologie! Nous devons construire pour les enfants avant de penser aux automobiles! Regardez où nous en sommes: les voitures vont partout mais les enfants ne sont plus en sécurité nulle part!


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