Espèce menacée

Encore une espèce menacée sur le Kayou

Par damcybermite, mercredi 20 juillet 2005

Traumatisée par des décennies de règne sans partage d'une certaine façon d'envisager l'économie, la généralité de la population suit fatalistement le destin repris comme un flambeau sulfureux par la nouvelle majorité. Beaucoup de gens déplorent en privé l'inconséquence du projet... mais peu de voix s'élèvent pour le décrier...

Photos Mike Holsken

Encore une espèce menacée sur le Kayou

Inko and co s’apprêtent à engranger au moins 2000 milliards de dollars (au cours actuel) en investissant 200 milliards et en payant 20 milliards d’impôts symboliques.

La République appuie en dédouanant la Nouvelle-Kalédony des accords de Kyoto la Nouvelle-Kalédony, en permettant de défiscaliser à mort.

Le Gouvernement local pousse en détaxant et défiscalisant.

La Province accorde passes-droits et dérogations ; élude des horreurs criantes soulevées par les rapports d’experts pourtant partisans du projet et cache au public les inquiétudes et rapports de ses propres experts de la DRN.

Le Comité Rhéébùù Nuù, seul médatique opposant au projet, se situe sans ambiguïté POUR l'exploitation des latérites et pour l’usine mais contre la pollution et la spoliation des droits des autochtones.

Dans ce déferlement d’enthousiasme plus ou moins précautionneux il y aurait des gens qui sont contre l’usine, contre le projet Goro Nickel ; mais qu’entend-on par être contre?

• Une position de tabou absolu, une interdiction quoi qu’il advienne?
• La demande d’un moratoire, de la suspension du projet pour une refonte radicale?
• L’accord sous condition de contreparties matérielles ou financières, insuffisantes quant à ce qui est prévu ?
• Un accord global sous condition de respect d’exigences techniques et sociales, qui sont encore à négocier?

Si le cœur de certains d’entre nous était porté vers la première position, ils sont forcés de constater l’énorme pression du marché international. Ils doivent reconnaître que les décideurs de ce pays comptent sur ce projet pour développer leur fond de commerce et qu’une population soigneusement entretenue dans l’indigence jusqu’alors, pense trouver là une occasion d’accéder à l’enviable statut d’employé d’une multinationale… qui lui prend la terre sous les pieds ; que les entreprises locales voient une aubaine pour booster leurs résultats.

En tout état de cause, Inco promet la création de 1500 emplois quand la Province Sud compte déjà 7000 chômeurs déclarés. Donc, à moins de multiplier les mines et les usines de façon exponentielle, il faudra trouver autre chose, le plus vite étant le mieux.

Une revégétalisation massive et valorisée, l’intensification de la lutte contre les incendies, un reboisement et une agriculture adaptées au maintien d’un vrai tissu rural sont des options aussi incontournables que l’exploitation du Nickel, entre autres.

Tout le monde connaît ce proverbe chinois apprenant à pêcher à celui qui a faim au lieu de donner un poisson qui ne serait qu’un soulagement temporaire. Nous sommes dans un pays où l’on pousse à toute force des gens à gagner de l’argent au lieu de leur apprendre à produire leur propre nourriture, le bois pour leurs maisons, leurs meubles, leurs bateaux!

On nous promet de ne pas nuire gravement à la biodiversité autour de Goro; mais n’est-il pas notre premier devoir de citoyen de respecter et promouvoir la diversité des opinions!

La voix de ceux qui sont résolument contre le projet doit être prise en compte... le temps presse car cette espèce furtive risque fort de disparaître avant même d’avoir pu être étudiée par les scientifiques…

Quelques bonnes raisons d’être contre le projet Goro Nickel*:

Économiques :

Tant qu’on ne touche pas au Nickel, le Pays s’enrichi mécaniquement par la hausse prévue à moyen terme ; son Epargne minerai ne risque pas la baisse avant de nombreuses décennies. Et pendant que le capital augmente, on peut faire double profit en cultivant dessus.

Le projet Goro Nickel n’est pas viable ; la preuve : une défiscalisation presque totale honteuse est nécessaire, des économies inconséquentes sur la sécurité et la protection de l’environnement veulent être imposées par les promoteurs à fin de rentabilité, pour pouvoir renaître d’un quasi naufrage.

Écologiques :

Pollution inéluctable de la nappe phréatique et du lagon par le manganèse, les sulfates, le chrome 6, et une foule d’autres métaux parmi lesquels on peut trouver l’arsenic, le mercure qui voisinent sans complexes avec des cyanures.

Le stockage de boues toxiques par dizaines de millions de mètres cubes dans un fond de vallée barré par un tas de terre laisse songeur un habitué des caprices tropicaux.

On est pas des sauvages ! on veut que les directives de Kyoto soient appliquées sur le Kayou et qu’on arrête de nous construire des centrales à charbon fermenté et à fioul lourd.

Les dangerosités cumulées sur le site industriel : la bombe du stock de souffre (5km de rayon létal, 10 km de dégâts irréversibles) voisinant avec un stock de charbon qui doit être arrosé pour ne pas risquer de surchauffe ne rassurent pas l’observateur de l’autoclave de lixivition dont la rupture aurait un rayon létal de 1,4 km, causant des dégâts irréversibles 2,4 km à la ronde.

Inco à commencé par ravager un tiers de la forêt qu’il est censé protéger, juste pour s’installer… au lieu de s’implanter en contrebas. Vont-ils vraiment se métamorphoser brutalement en entreprise écolo ? On a le droit de ne pas avoir confiance…

Humaines :

Au cours de toutes ces années, Inco n’a visiblement pas réussi à obtenir l’adhésion des premiers concernés : les gens de Yaté, les évènements récents et les nombreux soutiens déclarés au Comité Rhéébù Nùù le prouvent à l’évidence ;

Un alignement de boîtes d’aluminium situé à l’intérieur de la zone de danger légale, dans un désert de terre rouge égayé de scorie grise, encadré de solides grillages pour protéger la forêt ! Un seul coup d’œil chavire l’âme.

* Ces quelques pensées n’ont aucune vocation militante ; leur diffusion a pour but unique la défense de la diversité des idées (note de l’auteur)

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