QUESTION SO2

8 novembre 2006

Question SO2

Par cyberdam, vendredi 8 juillet 2005

Ce mail est envoyé alors que la responsable de la communication d'Inko semble dores et déjà me bouder...

La Madeleine traversant le Grand-Sud
Photos Mike Holsken

Question

Bonjour,

Décidément; encore une difficulté...

Mémoire en réponse aux observations recueillies au cours de l'enquête publique paraphé par Pierre Alla P.D.G,

Il est indiqué que l'installation rejetterait 4000 t/an de SO2 à comparer avec les 26.9 tonnes produites déjà en Calédonie.

Pourtant le tableau des polluants donné dans "le Projet Goro Nickel : Demande d'autorisation des installations classées ; Vol3 ; Annexe5"indique qu'aux 4000 tonnes produites par les autres postes du site il faut ajouter 11 tonnes par jour pour le fonctionnement de l'usine d'acide. Si celle-ci fonctionne la moitié du temps, ce sont 2000 tonnes de plus et donc un total de 6000t/an.

Dans le tableau indiquant les émissions de SO2 est-il plus réaliste de lire 6000 que 4000 tonnes ?

Merci pour cette précision

Voici la réponse parvenue quelques jours plus tard :

Bonjour,

Le chiffres d'émission de SO2 sont:

Site Goro Nickel : usine principalement fabrication d'acide 4000 t/an centrale thermique 100 MW (dont la moitié pour le réseau calédonien): 4000 t/an

Site SLN de Nouméa: les chiffres ne nous sont pas disponibles, mais compte tenu des chiffres de la qualité de l'air à Nouméa disponibles à la DIMENC, ils peuvent être estimés à environ 100 000 t/an.

Pour info les centrales électriques calédoniennes fonctionnent avec du fuel lourd à 3,8% de soufre contre du charbon à 0,45% de soufre pour la centrale Prony Energies.

La puissance électrique absorbée par les usines pyro-métallurgiques (SLN et Falconbridge) est de 250 MW contre 50 MW pour l'hydrométallurgie.

A titre anecdotique de comparaison, le volcan en activité au Vanuatu rejete entre 200 000 et 2 000 000 t/SO2 /an.

Espérant avoir répondu à votre question.

Catherine Guillaume Directrice Communication Goro Nickel Nouméa Tel : (687) 24 60 20

Et voici ma réaction à la réponse :

Je vous remercie pour cette réponse parfaitement claire. Le site rejetterait bien 8000 tonnes et non 4000 par an comme indiqué dans dans le "Mémoire en réponse aux observations recueillies au cours de l'enquête publique" paraphé par Pierre Alla P.D.G. Encore une imprécision, voire erreur qui fut livrée comme réponse aux interrogations légitimes du public.

Je comprends parfaitement votre point de vue qui consiste à comparer ce que Goro Nickel va apporter comme émissions de SO2 à ce qui se fait déjà... et dont la responsabilité à plus de 95% revient au site de Doniambo.

Mais le flou règne encore quand vous indiquez un rejet de la part de la SLN de 100000 t alors que le mémoire n'en comptabilise que 26900 t (source CIPA 1998) ! De toute façons, ce que rejettent les autres pollueurs ne se soustrait pas dans la nature à ce que veut y relarguer Inco ; les pollutions des uns ne peuvent pas servir d'excuses pour les pollutions des autres !!!

La mise en route de Goro Nickel causerait une augmentation comprise, donc entre, 8 et 30 pour cent de la pollution calédonienne en SO2 ce qui n'est pas négligeable.

Il s'avère que, dans ce domaine, la situation de la Calédonie est déjà excessive ; nous sommes les champions des DOM TOM ; un calédonien émet déjà 4 fois plus de SO2 qu'un étatsunien pourtant champion du monde des grandes nations ! Inco n'est en rien responsable de cette situation anormale !

Mais en tant que citoyen, on peut se demander s'il est bien judicieux de rajouter à une nuisance déjà trop importante qui fait de Nouméa une sorte de championne des affections asmathiques ?

D'autant plus que l'arc Est, Sud-Est des vents domninants qui favorise l'évacuation vers l'Océan de la pollution SLN est beaucoup moins favorable à Goro Nickel : il englobe de l'est à l'ouest le Lac de Yaté, le Parc de la rivière Bleue, le Mont Dore... Nouméa...

D'autre part le procédé hydrométallurgique produira directement des quantités d'acides importantes ce qui n'est pas le cas de ses concurrents :
acide sulfurique : 270 tonnes /an ; acide chloridrique 46 tonnes / an.

Au niveau du combustible, le choix est justifié, comme souvent dans ce dossier, par la remarque que l'on aurait pu choisir pire !!! (Du fuel lourd ou du charbon contenant encore plus de soufre...) Ainsi Goro nickel nous est présenté comme respectueux de l'environnement. Pourtant le rapport Trombonne estime la Centale de Prony Energie hors la loi Européenne : valeur 5 fois supérieure à la norme pour le SO2, 3 fois pour le NO2, 2 fois pour le CO. Ces chiffres ne sont pas contestés par Inco. Le choix de la Centrale arrêté en 2001 n'anticipa aucunement les efforts draconiens des pays industrialisés pour diminuer leurs nuisances concrétisés sur le plan européen par l'Arrêté du 20 Juin 2002 ! Au contraire les valeurs d'émissions retenues à l'époque, flirtaient avec les valeurs limites de l'Arrêté du 27 juin 1990 : 1160 mg de SO2 pour une norme à 1200 ; 650 mg de NO2 pour un maxi autorisé de... 650mg... par exemple.

Le charbon pévu n'est pas un combustible particulièrement écologique de surcroit il présente des risques de combustion spontanée au cours du stockage ; et là encore, les lois prévoyant une hauteur du tas de 8 mètres maximum ont étés contournées par une dérogation Provinciale autorisant une hauteur de 18 mètres sans que des mesures de sécurité supplémentaires soient envisagées pour cette favorisation de l'auto échauffement. L'emploi de charbon fluidisé apporte un risque d'explosion sur un site industriel concentré pour raisons d'économie comportant des possibilités d'accident majeur pouvant mettre en jeu la vie et la santé de l'ensemble des personnes présentes sur le site. Les carences du dossier Goro Nickel en matière d'étude des danger individuels ; la non-prise en compte d'un effet domino éventuels ne rassurent pas.

En définitive, la précédente majorité Provinciale a assujeti la satisfaction de l'augmentation prévue de consommation électrique du territoire aux impératifs de réduction des coûts du projet Goro Nickel... prévisible facteur d'accroissement de la population et donc de la demande électrique... Le résultat de cette association est la construction dans l'indifférence générale d'un équipement dépassé et hors la loi. Comme vous le faites justement remarquer, cinquante pour cent de l'électricité produite par Prony Energie aura une vocation extérieure au complexe. Inco n'est en aucun cas responsable de la décision politique qui outrepasse les normes, pour satisfaire la demande publique ou industrielle.

* Inco a besoin de garanties pour s'installer, d'un vrai moyen de pression et de faibles coûts de production d'énergie.

* L'accroissement de la production électique du Territoire passe sous l'égémonie de Goro Nickel.

* Goro Nickel assure les besoins croissants en énergie de plus pollueur que lui : la SLN.

* La SLN concède l'eau du Lac de Yaté pour alimenter le complexe Goro Nickel... par une ironie suprème l'eau du Lac de Yaté qui fait tourner des turbines fournissant de l'électicité propre est détournée de sa vocation comme eau de rinçage du procédé hydrométallurgique polluant le lagon.

Photos Mike Holsken

Cette ronde de concessions nous montre à quel point les paramètres environnementaux sont pris en compte quand il s'agit de milliards.

Je vous remercie pour votre gentillesse à me répondre. Je n'ai plus de question sur le sujet car je pense avoir une idée assez claire.

Quand à l'annecdote qui amène un peu de poésie dans cet âpre débat, ce dont je vous suis infiniment reconnaissant, elle nous apprend que le peuple calédonien supporte aux portes de sa touristique et balnéaire Cité Capitale une installation expulsant moitié moins de dioxyde de soufre qu'un volcan en activité dans ses petites années !!!!!
Ce qui est surprenant c'est que l'entreprise Canadienne Inco, dont l'investissement mondial autant que local dans la préservation de notre belle nature est affiché en seconde nature, accepte de faire affaire avec des gens aussi sales...

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